Voici les impressions reçues quelques semaines après le passage d’une dame accompagnant sa fille lors d’une 2ème visite de notre élevage .
« Une maison de briques rouges entourée de dahlias rouges et verts. Verts comme la prairie qui l’entoure. Il me semble entendre un bruit d’eau mais c’est le vent qui chante dans les peupliers. Les tuiles sont en terre cuite, à l’ancienne, et sont patinées par le temps et les saisons. Des portes en bois, peintes à l’huile de vidange, ont des cadenas magiques aux origines lointaines : la Roumanie. Tout autour, c’est la période de la moisson, et les tracteurs vont et viennent pour rentrer la récolte sous ce beau soleil d’été. Ballot rectangulaire ou rond, tout dépendant de sa destination.
Je m’approche et, par la porte entrebâillée, j’aperçois un immense cheval qui ne demande qu’à jouer. Malgré sa stature imposante et sa puissance, c’est un poulain d’un an, entier. Il se plaît à mâchouiller dans ma main, puis à y poser son museau de tout son poids, en toute inconscience. Puis le voilà qui éternue, une fois. A la seconde, j’ai le visage parsemé de particules, non digérées, de foin…
Chloé et Angelo m’appellent. Je me dirige vers leurs voix, et je me faufile sous une porte qui débouche dans une écurie à l’ambiance moyenâgeuse. D’emblée mon regard est absorbé par une merveille. Elle s’appelle Fagnouse. Un port altier. Couleur ébène. Un regard d’ange. Un savant mélange de puissance, d’élégance, de grâce et d’équilibre. Elle a 3ans, et sa douceur et sa beauté illuminent cet espace où elle a grandi religieusement, en toute quiétude.
En face d’elle, une autre jument, Wia, couleur ébène également. Nous sommes chez les frisons. Elle a 5ans. Elle est très belle, mais d’une beauté plus classique. Elle semble le savoir et nous regarde comme une enfant abandonnée qui ne demande qu’à être câlinée. Dans ce face à face triangulaire, nous conjugaisons nos différences.
Dans son box, un poulain nous épie, et 2 chiens escaladent la paille dans le 4ème box.
Fagnouse, Loupiac, Mireval, des noms évocateurs de vignobles aux cépages de renom. Sûrement amateurs de bons vins, les propriétaires-éleveurs de frisons choisissent le nom de leurs poulains sur les étiquettes de grands crus prestigieux.
Ambiance forêt de Brocéliande dans cette écurie à l’ogive invisible, où naquit la noire licorne.
Nous allons voir les poulinières avec leur poulain. En chemin, une odeur suave de tilleul à maturité me titille les narines. Ce sont les verges d’or qui trônent devant la porte d’entrée de la maison d’habitation « Les Prés d’Eve ». Les boxes sont immenses, très profonds, afin que les poulains puissent être près de leur maman, les téter à volonté, sans dormir dans leurs crottins ; Mireval qui commence sa période de sevrage, est très heureux de retrouver, momentanément, sa maman, pour un petit tour de piste dans la carrière. Petit trot envolé qui préfigure déjà un passage magistral dans quelques années.
La maîtresse de maison nous propose un petit goûter sur une pierre-égouttoir de couleur grise. Tout autour des planches en bois déposées sur des pierres. Un jus de pommes cassis bio et des petits biscuits à l’épeautre délicatement parfumés à la framboise. Un régal.
M.